La pratique du fer découpé est reconnue comme une pratique culturelle faisant partie intrinsèque de l’héritage culturel et du patrimoine immatériel des habitants de la localité de Noailles, se trouvant dans la commune de la Croix des bouquets (Nord-Est de Port-au-Prince) depuis 1950. Noailles est couramment appelée « village artistique » du fait de la présence d’environ 80 ateliers regroupant près de 800 artistes et artisans et est considérée comme le plus dense foyer d’artistes et de sculpteurs de toute la Caraïbe. Cette expression artistique est avant tout un marqueur identitaire s’inspirant et se ressourçant du creuset de la culture vodou par les formes, les couleurs, le vécu des artistes et artisans. Elle est le témoignage de la créativité et du sens de l’innovation et de la récupération de ces artistes et artisans.
Mesures de sauvegarde
L'Etat haïtien à travers le Ministère de la Culture s'engage à créer une commission incluant les acteurs de la communauté afin d'exécuter les actions de sauvegarde suivantes:
Le « fer découpé » est une pratique culturelle s’insérant dans le patrimoine culturel tant matériel qu’immatériel d’Haïti. Il est avant tout un ensemble de savoir-faire, de connaissances, de procédés et de technique artisanale originale développée au village de Noailles en Haiti, depuis plusieurs générations.Il s'agit généralement d'appliques murales, obtenue dans la tôle récupérée de bidons,découpée strictement à froid, à partir d'outils simples tel que le burin, le marteau, des poinçons,allié à la force physique des artisans. Aucun outillage mécanique ou électrique n’est utilisé. Tous les outils sont fabriqués sur place par le forgeron du village qui se sert d'une enclume et d'un marteau selon l'héritage de l'habitation coloniale de Noailles. La forge s'est transmise de père en fils et est liée à certains rites initiatiques, associés au fer et à sa symbolique à la fois agraire et guerrière. Ainsi, le fer découpé contribue à la sauvegarde de l’environnement, à l’aménagement du territoire par la présence de poche de production et à la conservation mémorielle.
Les ateliers produisent des œuvres généralement monochromes, la tôle étant poncée et vernie reproduisant une icônographie fantastique, où végétaux, humains et animaux mythiques se méthamorphosent, matérialisant une riche tradition orale, faites de croyances, contes, chants, proverbes. Ainsi, le système de représentation dans la tradition du fer découpé reflète toute la vision du monde, le système de pensée du paysanl haitien, sa relation au sacré et à l'environnement.
Les sujets traités représentent souvent les forces de la nature: la reine soleil, les arbres de vie, le monde souterrain mythique et sous marin, habité de sirènes et de créatures hybrides fantastiques. Mais aussi des monstres effrayants, zoomorphiques, ailés, à plusieurs têtes. La figure du serpent est récurante. De plus, certaines scènes bibliques sont traitées avec une fraicheur candide, le jardin d'eden, Adam et Eve, l'arche de Noé, Jonas avalé par la baleine.
Production du Fer Découpé
Les étapes de transformation et de fabrication de l’œuvre métallique sculptée commencent avec l’achat et le transport du bidon ou drums. Au sein des ateliers de Noailles, des apprentis et des ouvriers procèdent à l’étape du découpage en enlevant le fond et le couvercle du bidon de fuel au burin et au marteau. Ensuite, le reste du bidon est passé au feu afin d’enlever les résidus de peinture et de produits toxiques. Ceci permet de désintoxiquer le bidon de fuel. Ce dernier ainsi dépouillé des scories va être passé entre l’enclume et le marteau pour donner une plaque métallique de 186 × 86 cm. Cette surface va être martelée et aplanie en vue de permettre le traçage par la circulation du crayon à papier ou de la craie à chaux pour schématiser le design qu’on veut faire naitre sur le métal.
A ce niveau, une certaine spécialisation commence à prendre forme, car tous ne sont pas dessinateurs ou artistes. Il y a ceux qui préparent le métal et d’autres qui appliquent les figures artistiques. Certains artisans recourent à l’achat de figures ou de dessins de la part de certains créateurs qui vendent le fruit de leur imagination tiré de la culture et du culte vodou (sirène, loas etc.) de la vie quotidienne (oiseaux, arbres, fruit, végétation, etc.). Ensuite un apprenti artisan s’occupe du découpage du dessin en dégageant le motif tracé de la plaque métallique par l’action du burin et du marteau. Cela se fait sur une surface plane ou à même le sol. Avec le burin et le poinçon , parfois un clou, l’artisan met en évidence des reliefs du dessin et utilise une lime à métal pour enlever les résidus métalliques pouvant causer des blessures. Au cours de cette étape, l’apprenti artisan procède au remodelage, au ciselage et au repoussage du dessin.
La finition de l’œuvre se fait par l’utilisation du papier de verre pour réduire les résidus de métal et rendre ainsi lisse la surface de l’œuvre. Le vernissage clôt l’étape de la production de l’œuvre. Il se fait en apposant une première couche de vernis devant combattre la houille de fer. Après l’œuvre est séchée une première fois au soleil. Par la suite, l’artisan utilise une seconde fois le papier de verre pour bien la nettoyer, puis ce sera l’application d’une deuxième couche de vernis. Le séchage au soleil et l’emballage parachèvent totalement la production de l’œuvre d’art qui sera exposée dans l’atelier ou vendue à des galeristes ou collectionneurs ou des touristes visitant le village de Noailles. Le « fer découpé » est une pratique culturelle s’insérant dans le patrimoine culturel tant matériel qu’immatériel d’Haïti. Il est avant tout constituée d’un ensemble de savoir-faire, de connaissances, de procédés consistant à travailler de vieux bidons d’huiles et de fuel pour les transformer en objet matériel, des œuvres d’art. A Noailles, la transformation du métal en œuvre d’art nécessite peu d’outillage. Burin, marteau, ciseaux et scalpel sont les principaux outils utilisés pour travailler les plaques de métal alliés à la force physique des artisans. Ainsi, le métal sculpté contribue à la sauvegarde de l’environnement, et d’un autre côté à l’aménagement du territoire par la présence de poche de production
Les étapes de transformation et de fabrication de l’œuvre métallique sculptée commencent avec l’achat et le transport du bidon ou drums. Au sein des ateliers de Noailles, des apprentis et des ouvriers procèdent à l’étape du découpage en enlevant le fond et le couvercle du bidon de fuel au burin et au marteau. Ensuite, le reste du bidon est passé au feu afin d’enlever les résidus de peinture et de produits toxiques. Ceci permet de désintoxiquer le bidon de fuel. Ce dernier ainsi dépouillé des scories va être passé entre l’enclume et le marteau pour donner une plaque métallique de 186 × 86 cm. Cette surface va être martelée et aplanie en vue de permettre le traçage par la circulation du crayon à papier ou de la craie à chaux pour schématiser le design qu’on veut faire naitre sur le métal.
A ce niveau, une certaine spécialisation commence à prendre forme, car tous ne sont pas dessinateurs ou artistes. Il y a ceux qui préparent le métal et d’autres qui appliquent les figures artistiques. Certains artisans recourent à l’achat de figures ou de dessins de la part de certains créateurs qui vendent le fruit de leur imagination tiré de la culture et du culte vodou (sirène, loas etc.) de la vie quotidienne (oiseaux, arbres, fruit, végétation, etc.). Ensuite un apprenti artisan s’occupe du découpage du dessin en dégageant le motif tracé de la plaque métallique par l’action du burin et du marteau. Cela se fait sur une surface plane ou à même le sol. Avec le burin et le poinçon , parfois un clou, l’artisan met en évidence des reliefs du dessin et utilise une lime à métal pour enlever les résidus métalliques pouvant causer des blessures. Au cours de cette étape, l’apprenti artisan procède au remodelage, au ciselage et au repoussage du dessin.
La finition de l’œuvre se fait par l’utilisation du papier de verre pour réduire les résidus de métal et rendre ainsi lisse la surface de l’œuvre. Le vernissage clôt l’étape de la production de l’œuvre. Il se fait en apposant une première couche de vernis devant combattre la houille de fer. Après l’œuvre est séchée une première fois au soleil. Par la suite, l’artisan utilise une seconde fois le papier de verre pour bien la nettoyer, puis ce sera l’application d’une deuxième couche de vernis. Le séchage au soleil et l’emballage parachèvent totalement la production de l’œuvre d’art qui sera exposée dans l’atelier ou vendue à des galeristes ou collectionneurs ou des touristes visitant le village de Noailles.
Au départ, la transmission de la pratique s’est fait auprès de Georges Liautaud, le porteur et le continuateur de la tradition du travail de la forge. Il a initié la première génération constituée des trois frères Louis-Juste prénommés Cerisier, Janvier et Joseph. C’est grâce à eux que Noailles est devenue le bastion de la sculpture sur fer.
Le processus d’apprentissage est libre et dépend de la décision de l’apprenti. C’est ce dernier qui décide d’apprendre le métier auprès d’un maitre ou boss en chef. L’apprentissage se fait dans un atelier. Former d’autres artisans dans un atelier est une manière de réaffirmer son lien avec le porteur de la tradition Georges Liautaud. La plupart des apprentis ou de ceux qui pratiquent la sculpture sur fer sont nés dans le village et l’ont appris sur le tas au sein de leur famille ou par imitation, tel est le cas pour Mirtha Balan, Eddy Rémy…
Un masque géant entouré d'autres oeuvres de l'artiste Serge Jolimeau © IPIMH 2013
Cette pratique a des attaches anciennes. Elle découle du travail du fer dans la forge depuis les rives de l’Afrique occidentale, puis a traversé l’époque coloniale et celle de l’indépendance. Ainsi, le travail de la forge dont dérive la sculpture sur fer était présent sur le continent africain. Les forgerons africains représentaient une caste détentrice de pratiques rituelles efficaces dans l’art et la guérison de toute sorte de maux. Ils habitaient dans la cour royale au Congo, au Benin, au Nigéria, au Ghana et au Mali. Selon l’auteur Philipe Bernard, les forgerons sont des médiateurs entre les dieux et les hommes. Aussi ,le fer est outil et représentation des ancêtres dans l’Egypte ancienne, et dans certaines cultures d’Asie, d’Afrique.
Dans cette perspective, Jean Price Mars rattache la filiation de la nation haïtienne à l’Afrique occidentale plus précisément des côtes guinéennes. C’est delà que nous est venue selon lui «la plus forte empreinte de notre culture ». Il affirme que des contingents d’esclaves avaient certaine « aptitude développée à travailler le bronze, la terre cuite, le bois au plus haut degré sculptural ». Guy Maximilien ajoute que parmi les transplantés de la période esclavagiste, figuraient « des représentants de castes élevées, instruites ou guerrières ». Ce sont ces esclaves instruits depuis l’Afrique qui vont perdurer les pratiques de leurs ancêtres sur le sol de la colonie de Saint-Domingue.
Analysant la période coloniale, Paul Butel précise que parmi la masse servile, les esclaves domestiques pouvaient « apprendre un métier qui consiste en la maitrise d’une technique». D’autre part, Alexandre-Stanislas de Winpfev affirme qu’il y trouvait des esclaves qui habitaient dans les villes et qui servaient de «manœuvre à des artisans qui leur enseignaient le métier». Dès le XVIIIe siècle, certains planteurs envoient même des esclaves noirs de même que des libres en France pour apprendre la peinture et d’autres savoir-faire artisanaux. Aussi, des artisans français ont enseigné leur savoir-faire à des esclaves qui sont originaires d’un continent ou l’artisanat est déjà très présent et élevé au niveau de la religion. Ainsi, on assiste à un métissage de la pratique artisanale de la rencontre de l’artisan européen et de l’esclave-artisan africain au sein de la colonie.
Ces esclaves sont connus sous le nom « d’esclave à talent ». Ils sont installés dans des villes contre un versement de leur gain à leur maitre. Selon Alexandre-Stanislas de Winpfev, ils utilisent leur aptitude en louant leur talent et accumulent ainsi de l’argent pouvant les aider à acheter leur liberté. La masse des esclaves à talents et d’autres groupes sociaux dont les Noirs libres ont uni leur force dans la lutte pour l’indépendance en 1804. Les artisans se sont incorporés dans la structure sociale du nouvel Etat et ont perpétué dans le temps et l’espace des pratiques culturelles métissées.
En février 1943, suite à l’occupation du territoire par les Américains, l’aquarelliste Dewitt Peters fut envoyé par le Comité de Coordination de Washington et l’armée des États-Unis, en qualité de professeurs d’anglais. Aussi, sous l’influence du ministre Dartige, responsable de l’Instruction Publique du Gouvernement d’Elie Lescot, Dewitt Peters passa du professorat à la direction du Centre D’Art qui fut inauguré le 14 mai 1944. A travers le Centre d’Art, Dewitt Peters assura une clientèle nord-américaine au marché de l’art haïtien dont va en profiter grandement la sculpture sur fer. Ceci contribuera à sa reconnaissance et son essor rapide au cours des années 1950. C’est ainsi que la grande aventure de la sculpture sur fer se poursuivra avec la rencontre fortuite entre Dewitt Peters et George Liautaud en 1953 et depuis, une foisonnante créativité continue de redorer l’image du pays sur la scène mondiale.
D’abord, les frères Louis-Juste ont déménagé de la localité de Duval (Croix-des-Bouquets) pour venir habiter à Noailles. Ceci a permis le contact avec la deuxième génération composée de Médard Ulysse, Serge Jolimeau, Gabriel Bien-aimé, Hubert Bernard, Pierre Bernard, Adriel Louis, Max Prophète. Ces derniers sont devenus leur apprenti-ouvrier dès leur jeune âge. Les contraintes économiques ont grandement motivé le choix de devenir apprenti artisan chez cette génération.
C’est ainsi que Cérisier Louis-Juste va transmettre ses connaissances à Médard Ulysse et Serge Jolimeau. De son coté, Janvier Louis-Juste va initier la pratique à Gabriel Bien-Aimé, John Sylvestre. Ainsi, cette deuxième génération va disséminer ce savoir-faire à travers tout le village. Actuellement, on dénombre près de soixante-dix ateliers avec environ cinq cents artisans. De ce fait, la pratique de la sculpture sur fer en moins de soixante ans continue de faire son chemin et donne ses lettres de noblesse à la culture haïtienne.
Serge Jolimeau, élève-apprenti de Cerisier Louis- Juste va travailler pour ce dernier au cours de l’année 1972. C’est ainsi qu’il a pu rencontrer Pierre Monosier, l’invitant à rejoindre le Centre d’Art. Arrivé là, il a été fortement marqué par l’esthétique du peintre Murat Brière. Originaire de la commune de Carrefour, Murat Brière était aussi membre du Centre d’Art, il s’est initié à la suite de Georges Liautaud à la sculpture sur fer. Son style a beaucoup inspiré Serge Jolimeau.
La réalisation de l’Inventaire du patrimoine immatériel d'Haïti a été rendue possible grâce à l’appui de nos partenaires.
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